lundi, 17 mars 2014
Radis lassi
Êtes-vous du genre ordonné ? Quand vous cuisinez, rangez-vous immédiatement après vous en être servi louches, passoires, maniques, casseroles et autres cuillères en bois ?
Pour la Cocotte, c’est non, non, non et non. Elle fait la cuisine, utilise moult ustensiles, salit nombre de couverts, nombre de récipients. D’ordinaire, elle cuisine, mange ce qu’elle a cuisiné puis range ce qu’elle a dérangé. Mais parfois il lui arrive de ne rien ranger du tout. Elle n’en a pas le temps. On ne lui laisse pas le temps en vérité. Quelqu’un s’en charge à sa place. Ça, c’est quand ce quelqu’un est à la maison alors qu’elle cuisine, ce qui n’arrive pas souvent.
Pour vérifier la cuisson du poulet dans le four, elle utilise une manique pour ne pas se brûler. Elle ouvre le four de la main gauche, prend la manique de la main droite, effectue un petit mouvement de tension pour sortir le plat, se satisfait de la bonne avancée des travaux, effectue un petit mouvement de pression sur le plat pour le remettre à sa place, et manique toujours en main droite, referme le four de la main gauche. A peine a-t-elle reposé la manique que le quelqu’un est passé par là et qu’il a rangé la manique. Le quelqu’un se déplace vite. En moins de deux secondes, la manique retrouve sa place habituelle, à 20 cm de l’évier et 3 mètres du four.
La Cocotte ne s’aperçoit encore de rien mais comme elle est éminemment consciencieusement quand il s’agit de faire cuire un poulet, elle évalue, juge et jauge le volatile de nombreuses fois. Mue par un mouvement devenu réflexe, elle ouvre la porte du four de la main gauche, sans regarder, pose la main droite sur l’endroit supposé de la manique. Et là, plus de manique. C’est la panique !
Elle tâte le coin rituel du plan de travail, sa main va à droite, puis à gauche puis encore à droite. Elle sort la tête du four, laisse la porte ouverte, la température du four baisse, le poulet gémit, râle, sa peau perd de son croustillant et la Cocotte se souvient alors que le quelqu’un est là aujourd’hui. Oui, oui, il est là, tapi dans l’ombre, monté sur coussins d’air, peut-être même en lévitation, il ne fait pas de bruit, il l’épie, attend la faute, prêt à bondir dès qu’elle posera la cuillère en bois près de l’évier, la louche sur la planche à découper, la salière dans le salon et la poivrière à côté de l’ordinateur.
Il est là, ne dit rien, il s’est introduit dans la cuisine, a observé chaque mouvement de la Cocotte et il a non moins consciencieusement rangé tout ce que la Cocotte a utilisé pour cuisiner le poulet. Tout ! Absolument tout !
Oui, à ce moment précis, la Cocotte se souvient que le quelqu’un traîne dans les parages, elle se souvient de son honteuse manie de tout remettre en place quand il ne faut pas. Et elle hurle, trépigne, fait pipi par terre et se roule dedans, invoque les dieux lares, la mère Poulard, la mère Michel et la mère Denis réunies : « Quand comprendras-tu que dans la cuisine, c’est moi le chef, que quand je me mets aux fourneaux, c’est moi le chef, que quand tu n’as absolument pas pris part à la décision du plat, c’est moi le chef ! Sors d’ici, manant, vilain, fripon, gredin, saligaud ! Tu n’es pas le bienvenu ! » …Enfin ça, c’est quand elle a décidé d’être polie. Mais ça, ça n’arrive pas souvent !
Et instantanément le petit salopiot, le maniaque de la manique serre les poings, prêt à bondir, lui, le quelqu'un, l’atrabilaire mêle-tout, le trieur fou, le compulsif de l'organisation fulmine. De la fumée sort de son nez, de ses oreilles, ses yeux, sa bouche… Et là, la Cocotte se dit qu’il doit être bien cuit, à point et qu’il est vraiment temps de le sortir. Mais oh, pas de chance pour lui (ou pour elle), elle n’a plus sa manique !
La recette
Oh vous, mes petits radis, vous allez passer au hachoir. Je vais vous couper menu-menu. Et je vais vous mélanger à du fromage. Vous allez adorer.
Pour 6 petites verrines
Ingrédients : 100 g de radis roses et ronds, 100 g de fromage blanc à la faisselle, 100 g de fromage de chèvre frais, gros sel gris de Guérande.
Préparation : 10 min – cuisson : aucune – coût : * - difficulté : * - ustensile : hachoir électrique
Débarrassez-vous des tiges vertes et de la petite queue des radis. Lavez les radis soigneusement, séchez-le puis coupez-les en quatre. Déposez-les dans le bol du hachoir et actionnez le hachoir quelques secondes.
Quand les radis ne sont pas encore complétement hachés, sortez-en un peu du bol et réservez.
Puis ajoutez le fromage blanc et le fromage frais de chèvre dans le hachoir, ajoutez également du gros sel gris de Guérande et mixez jusqu’à obtenir une crème liquide et parfaitement lisse.
Goûtez et rectifiez l’assaisonnement au besoin. Ici pas besoin de poivre, le radis pique assez.
Répartissez ce mélange dans les verrines ou de toutes petites bouteilles puis couvrez de radis hachés mis de côté. Et mettez au frais jusqu’au moment de servir.
Doublez toutes les quantités si vous voulez proposer votre lassi en petite soupe fraîche et originale.
Publié dans Cuisine, Fromage, laitage, La Cocotte, La Voix du Nord, Légumes, légumes secs | Tags : radis lassi, radis, lassi, la cocotte | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |