lundi, 01 juin 2015
Langue de bœuf à l’oignon rosé de Roscoff
Allo, la Cocotte ? Je ne vous dérange pas ? Vous avez deux minutes devant vous ? Vous n’êtes pas en train de concocter une de vos merveilleuses recettes ? En deux mots, je vous explique la raison de mon appel. Alors, voilà, j’ai séjourné à Lille ce weekend et me suis baladé dans les magasins. En fin d’après-midi, je suis entré dans une librairie et là, sur une table emplie de livres, un petit fascicule a attiré mon regard. De jolies couleurs, un petit dessin tout mignon, une invitation à une balade dans une région que je ne connais pas beaucoup. J’ai ouvert ce fascicule et là, un choc ! Oui, j’ai rarement ressenti cela dès l’ouverture d’un livre. Je me suis assis sur la moquette épaisse de ce magasin et j’ai lu d’une traite cette œuvre renversante. D’abord le titre ! Cocasse, croquignolet même ! Il est de qui ? Et le texte ! Mon Dieu ! Un texte magnifique, une fluidité dans la langue, un humour d’une finesse inouïe. Oui, tout cela pour une description particulièrement pointue de votre terre natale, de votre terroir, avec ces personnages auxquels on s’attache tout de suite… L’histoire de ces producteurs est absolument passionnante. Et leurs produits, une mine d’informations. Et vos recettes ! Quelle trouvaille ! Quel génie !
Voici un livre qui m’a tenu en haleine du début à la fin. Les mots me manquent pour rendre compte de ce que j’ai vécu ce samedi. Au moment-même où je terminais le livre, une conseillère m’a poliment demandé de bouger de place. Pour la troisième fois ce jour-là, m’a-t-elle dit, elle venait réapprovisionner le rayon de piles de livres, celui-là même que celui que j’avais entre les mains. Une queue s’était déjà formée derrière elle. Je me suis alors présenté et elle m’a donné vos coordonnées. De retour chez moi, j’ai aussitôt contacté mes collègues de travail. C’est la raison de mon appel.
Chère Cocotte, il n’y a pas de doute possible, votre livre fera partie de la liste des 5 derniers finalistes pour le prix de l’an prochain.
Ah oui, je suis bête ! Où avais-je la tête ? Je ne me suis pas présenté. Je vous téléphone de Suède. Je suis Sven Olafsson du comité d’attribution du prix Nobel de littérature.
Vous pouvez dès à présent travailler le discours que vous serez très certainement appelée à prononcer au début du mois d’octobre. Il faut absolument que vous soyez prête pour le grand jour. Je vous laisse, j'ai ma langue aux oignons qui finit de cuire. Je vous rappelle bientôt.
La recette
Zeugma : L’autochtone roscovite a un certain penchant pour l’oignon rosé qu’il exporte en grande quantité et en Grande Bretagne.
Pour 6 personnes
Ingrédients : 1 langue de bœuf, 1 poireau, 1 carotte, persil, thym, laurier, clous de girofle, 2 oignons rosés de Roscoff, 50 g de beurre, 50 g de farine, persil plat, origan, sel et poivre.
Préparation : 20 min – cuisson : 2 h – coût : ** - difficulté : *
Lavez la langue à grandes eaux et plongez-la dans la cocotte remplie d’eau. Ajoutez des clous de girofle, du laurier et du thym et un bouquet garni avec poireau, carotte et la moitié du bouquet de persil. Salez et poivrez l’eau et mettez la cocotte à chauffer. Laissez-la cuire 1 h 30 à partir de la rotation de la soupape. Au bout de ce temps, la langue doit être tendre. Sortez-la et enlevez l’enveloppe qui l’entoure. Coupez la langue en tranches et réservez-la.
Pelez et ciselez les 2 oignons, faites-les fondre dans les 50 g de beurre, ajoutez la farine pour faire un roux. Allongez la sauce avec quelques louches de bouillon. Ciselez du persil, ajoutez-le à la sauce en fin de cuisson en même temps que l’origan. Salez et poivrez et nappez la langue de cette sauce.