mercredi, 02 décembre 2009
Polenta 2A4H
Le weekend dernier, dans le cadre de la fête de la science à Douai, des étudiants de l'école des Mines proposaient un atelier de cuisine moléculaire aux enfants.
Amener les jeunes à la science par ce biais ludique est sans conteste important, encore faut-il que les expérimentations soient bonnes à la dégustation et pas nocives à leur santé.
Hier encensée, portée aux nues, déifiée et aujourd'hui conspuée, décriée, vouée aux gémonies par certains grands cuisiniers, journalistes et critiques gastronomiques, la cuisine moléculaire n'a pas fini de nous interpeller.
Et le livre-brûlot de l'allemand Jorg Zipprick qui détaille par le menu « les dessous peu appétissants » de cette cuisine a au moins le mérite d'alimenter le débat.
A la lecture de ce réquistoire, la Cocotte, fan de Ferran Adria, chantre catalan de la floculation et de l'émulsion, a soudain eu les chocottes.
Doit-on s'émerveiller devant ses sphères nuageuses, fumeuses, azotées, d'olives ou d'oeufs en tout genre, de ses soupes de pin aux algues, de ses guimauves au parmesan ?
Les alginates, le ferrocyanure de sodium, la méthylcellulose qui aident à la préparation de ses expérimentations n'ont-ils pour seul but que d'amuser les papilles des gens riches et chanceux d'avoir eu une place chez « El Bulli » ?
Tous ces produits peuvent-ils avoir un effet nocif sur notre santé ?
Doit-on s'inquiéter du lobbying de ces grands groupes industriels qui élaborent ces produits de synthèse et qui cherchent à remplacer l'alimentation issue de l'agriculture « normale » à des fins évidemment mercantiles ?
Aujourd'hui la Cocotte vous propose un plat aux antipodes de la cuisine moléculaire.
Point besoin de laboratoire, de chauffe-ballons, de bec Bunsen, de burettes et de boîtes de Pétri, de tubes à essai, de pipettes, de propipettes, de pompe à vide ou de trompe à eau, d'ampoule à décanter et de bain thermostaté... Point besoin d'azote, de maltodextrine, de citrate de lithium, de propylène glycol, de diglutamate, qu'il soit de magnesium ou de calcium...
Non ! la réaction chimique de ce plat sera un dégagement de 2A4H, deux molécules de ahh et 4 de hummmm !
Un plat de fainéant, de feignasse, pour faire plaisir à Viviane.
Il ne vous faut que quelques amis, un grand plateau en bois,une marmite de ragù, un paquet de polenta et des cuillères à soupe
Vous avez ça dans vos placards ?
1 bon kilo de viande de porc ou de boeuf ou de veau ou de poulet au choix
2 cuillères à soupe d'huile d'olive
1 grosse boîte de tomates pelées
5 gousses d'ail
1 belle branche de thym
1 kg de poivrons rouges, verts et jaunes, pour faire beau sur le bois
sel et poivre
un piment ou deux, histoire de relever le plat
Coupez la viande choisie en lanières. Faites chauffer l'huile dans une grande marmite et faites-y revenir vos morceaux de viande. Ajoutez les tomates pelées grossièrement écrasées. Laissez cuire pendant un petit quart d'heure. Ensuite ajoutez vos poivrons coupés également en lanières, l'ail pilé et le thym. Le piment peut être ajouté à ce moment. Salez, poivrez selon votre goût. Couvrez et laissez cuire à feu doux pendant une bonne heure.
Pour la polenta :
un paquet de 500 gr de polenta précuite (il ne vous faudra que 5 minutes pour la préparer)
3 litres d'eau bouillante salée
du parmesan à foison
Quand votre eau bout, versez en pluie la polenta et mélangez bien pendant 5 minutes. La polenta « normale » nécessite d'être remuée pendant plus de 30 minutes.
Au bout des 5 minutes, prenez un grand plateau rond en bois, versez dessus votre polenta, faites un grand creux au milieu et dans ce creux, versez votre ragù. Ça fume mais c'est normal, ça sort de la marmite !
Et voilà pourquoi la Cocotte dit que c'est un plat de feignasse :
Amenez votre plateau à table, amenez également un bol de parmesan, donnez une cuillère à soupe à chacun de vos invités et mangez la polenta et le ragù à même le plat.
Pas de vaisselle à laver. Rien ! Nada ! Niente ! Oui, vous avez bien lu, Mesdames, pas de vaisselle !
Juste le plaisir de vous régaler avec vos amis. De la cuisine élémentaire.
Publié dans Cuisine, Europe du sud | Tags : polenta, polenta alla spianatora, cuisine moléculaire, ferran adria, jorg zipprick, école des mines de douai | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |