lundi, 28 janvier 2013

Garbure béarnaise

Si vous êtes lecteurs assidus de ce blog, vous avez remarqué le penchant un tantinet prononcé de la Cocotte pour la cuisine allemande. Moult recettes retracent ici les marques indélébiles que nos voisins teutons ont léguées au patrimoine culinaire mondial. Et puisque la cocotte ne manque jamais de le rappeler et puisque certains paraissent en douter,  voici une nouvelle preuve de ce legs : la garbure.
Oui, vous avez bien lu, la garbure. Rendons à Dieter, Helmut, Horst, Ralf, Werner, Konrad, Otto… ce qui appartient à Dieter, Helmut, Horst, Ralf, Werner, Konrad et Otto. Originellement appelée Ward Burt, la garbure est une des plus belles choses dont le Béarn a héritées lorsque les Wisigoths ont visité cette magnifique région.
Plantons le décor : Dans les années 410, 420 après JC, les Wisigoths marchent sur Rome, la Gaule mais aussi vers la Galice. Ils ont dans leurs valises des haricots qu’ils laissent sur le chemin pour ne pas se perdre et des choux qu’ils essaient vainement de refiler à toute l’Europe. Un mardi du mois de mars 418, ils posent leurs dites valises dans les environs de Pau, ( les archéologues hésitent encore, était-ce à Narcastet ou Boeil-Bezing ?) devant la maison d’une cuisinière répondant au doux nom de Catineta. Celle-ci est en train d’ouvrir une boîte de confit de canard. Elle a envie de soupe. Ayant encore de la place dans sa marmite et pour pas gâcher, Catineta a ramassé les lingots disséminés ça et là par l’envahisseur. Alaric, un wisigoth sympa, attiré par l’odeur du confit offre en signe de paix un chou à la jolie mitronne. Catineta plonge le chou dans le faitout.
La garbure est née. Voilà, c’est à quelques détails près ce qui s’est passé. Sur les derniers points, les avis des experts es-garbure divergent. La Cocotte réinvente parfois l'histoire avec malice, sachez-le. Mais l'essentiel est de noter que les Allemands nous ont très élégamment cédé leur recette. Et ça, c'est bien vrai ! Il y a autant de garbures que d'habitants dans le Béarn. Mettez-y ce que vous voulez suivant la saison mais n'oubliez surtout pas la cuisse de confit. Sur ce, Guten Appetit ou bou apétit. A vous de choisir.

La recette

Et si vous en avez envie, vous pouvez même faire chabrot : versez un peu de vin rouge dans votre soupe et buvez à même l’assiette. On ne le dira à personne, c’est promis.

Garbure béarnaise, wart Burt, garbure, Béarn, Wisigoths

Pour 6 personnes
Ingrédients : 300 g de gros haricots secs, (Tarbais de préférence), 1 chou frisé, 2 carottes, 5 pommes de terre, 1 poireau, 3 cuisses de confit de canard, 1 beau morceau de lard fumé, 2 gousses d’ail, thym, laurier, persil, sel et poivre.
Préparation : 15 mn – cuisson : 1 h 30 – Coût : * - Difficulté : *
Faites tremper les haricots pendant 1 nuit. Egouttez-les puis cuisez-les 1 h environ dans de l’eau. Vérifiez constamment la cuisson pour ne pas en faire de la purée. Réservez. Enlevez le cœur du chou, coupez les feuilles en lanières et faites-le blanchir 5 mn à l’eau bouillante. Epluchez carottes et pommes de terre. Dans une grande marmite en fonte, faites fondre un peu de graisse de canard et faites dorer carottes et pommes de terre en morceaux. Ajoutez ail pilé, thym, laurier, persil, poireau en tronçons, morceau de lard et 2 litres d’eau. Salez et poivrez. Couvrez et laissez cuire 1 h à feu moyen. Ensuite ajoutez les haricots égouttés, mélangez et déposez sur le dessus les cuisses de canard. Couvrez et laissez encore 20 bonnes minutes.
Rectifiez l’assaisonnement et servez dans de grandes assiettes creuses, avec dans le fond, une belle tranche de pain de campagne. C’est encore meilleur réchauffé !

28.01.2013