lundi, 10 janvier 2011
Lapin du Lundi perdu
Outre le fait qu'ils soient belges, ceci expliquant peut-être cela, les Tournaisiens sont des gens étranges. Ils ont de drôles de traditions ! Les jours suivant l'Epiphanie, ils pendent à leurs fenêtres des lapins. Rassurez-vous, ces pauvres bêtes sont mortes, mais quand même ! Quand on les interroge sur cette coutume surprenante, ils vous renvoient aux calendes grecques et vous racontent l'histoire du Lundi parjuré ou Lundi perdu.
Au Moyen-âge, le lundi qui suivait l'Epiphanie, notables et propriétaires terriens de la ville jugeaient en public les crimes et délits qui n'avaient pas été jugés, qui avaient échappé à la vigilance de la police ou des tribunaux durant l'année. La délation était vivement conseillée et quiconque avait eu connaissance d'un méfait (vol, viol, incendie, meurtres, calomnies...) livrait voisins, parents ou amis. Le soir, un grand repas était donné où toute la population se retrouvait.
Lundi parjuré car on jurait devant Dieu et perdu car ce jour était chômé.
Lors de ces agapes, on tirait les rois. A l'instar du carnaval où l'on se moque des nantis, un rôle est donné à chacun, qui le roi, qui la reine, qui le fou du roi, l'écuyer, le laquais, le ménestrier...
Chacun a un texte à chanter écrit sur un petit billet. Et tous les autres reprennent en choeur.
Quand le roi boit, on crie « Le roi boit ! » et tout le monde boit avec lui. Si on se trompe ou si on oublie, le fou du roi noircit le visage du fauteur avec un bouchon passé sur le feu.
Imaginez l'ambiance pendant ce repas. Ce jour-là, on mange du lapin. C'est ce lapin qu'on voit pendu aux fenêtres. Et savez-vous pourquoi on exhibe ce cadavre aux longues oreilles et à la queue en pompon ? Tout simplement pour montrer qu'on n'a pas mis un chat dans la cocotte ! Un chat est appelé un lapin de nochère, chez les Tournaisiens. Les ménagères doivent même mettre la tête du lapin dans la marmite, encore une preuve de la non-présence de chats.
Le lapin du Lundi perdu est un plat de pauvres donc pas de bière ou de vin pour la sauce, que de l'eau ! Il est accompagné d'une entrée, la petite saucisse, d'une salade, la salade tournaisienne avec mâche, oignons cuits avec le pelure, pommes, endives, chou rouge et haricots et d'un dessert. Devinez lequel ? La galette, bien sûr !
Cette tradition était vivace en Flandre. On raconte qu'elle perdure à Lille et Douai mais la Cocotte n'en a jamais entendu parlé. Et vous ?
Lapin à la tournaisienne
Le lundi suivant l'Épiphanie, les habitants de Tournai fêtent le Lundi perdu. En famille, ils tirent les billets des rois, chantent et mangent le plat d'aujourd'hui.
Pour 6 personnes
Ingrédients : 1 beau lapin, 30 g de beurre, 3 oignons, sel, poivre, thym, laurier, 15 pruneaux, 1 poignée de raisins secs.
Préparation : 1 nuit + 15 mn – Cuisson : 1 h 30 – Coût : * - Difficulté : * - Ustensile : cocotte en fonte
La veille, faites tremper les pruneaux et raisins secs dans un bol d'eau. Le lendemain, découpez le lapin en 6 ou 8 morceaux égaux. Faites fondre le beurre dans la cocotte, ajoutez les morceaux de lapin, y compris la tête (pour faire voir que c'est bien du lapin !) et faites-les bien dorer. Retirez-les et remplacez-les par les oignons épluchés et détaillés en rondelles. Remettez le lapin dans la cocotte et couvrez d'eau. Salez, poivrez, mettez le thym et le laurier. Mettez le couvercle et laissez cuire 1 h 30, voire plus. La viande doit se détacher facilement des os mais il ne faut pas que tout se « démêle ». A la fin de la cuisson, faites réchauffer le bol de pruneaux et raisins dans l'eau de trempage. Mettez-en quelques-uns dans la cocotte pour décorer et servez équitablement le reste.
N'accompagnez jamais ce plat de frites ou de croquettes mais de pommes vapeur.
Puis chantez en chœur : J'ai du mirliton, des courts cotreons, des longés fesses, j'ai du mirliton, ton, ton... et allez sur le site de la ville de Tournai pour en savoir plus.
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Commentaires
Oyez, oyez, les amis ! Il va falloir penser à acheter un lapin...
Écrit par : Franck | vendredi, 28 décembre 2012
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