mercredi, 10 mars 2010
Brouillade à la Turque
Voulez-vous que la Cocotte vous raconte une histoire triste ?
La Cocotte a cassé son petit couteau. Son petit couteau rouge, avec le manche en plastique très dur serti de trois ronds de métal et la lame qui va jusqu'en bas du manche, ! C'est la lame qui a cédé, elle s'est cassée net, en deux ! Clac, sans jamais avoir montré de signe de fatigue, d'usure, de ras-le-bol !
Son p'tit couteau ! Elle l'a eu...quand elle l'a eu ! Il y a bien de ça, oh ! Ça fait au moins ?!Bah...oui, au moins ça...! Ça a été un déchirement de le mettre au rebut. Imaginez-vous donc ! Elle a tout fait avec lui, du beurrage de tartine au désossage d'une vollaille, de l'éminçage d'un oignon au découpage d'une pomme de terre. Il l'a suivie partout, de nouvelle maison en nouvelle maison, elle l'emmenait même en vacances ! C'était son petit couteau, quoi ! Vous savez, celui qui a une place de choix dans le tiroir, à côté de ceux qui coupent moins bien mais qu'on ne jette pas parce qu'on n'est pas comme ça.
Un p'tit coup d'aiguisage et hop, il repartait, vaillant, jamais défaillant, fier comme au premier jour.
Il s'est cassé en coupant du gouda extra-vieux mardi en quinze....C'est toujours un mardi ! Peut-on imaginer plus belle mort que celle-là pour un couteau ?
C'est important d'avoir un bon p'tit couteau, non ? On s'y attache. Ne riez pas, la Cocotte sait qu'elle n'est pas la seule à s'attacher à ce genre d'objet. La semaine dernière sur le marché, alors que la Cocotte narrait la triste nouvelle à son volailler, une petite dame écoutait et a raconté son histoire à elle. Son couteau, un Opinel, avec un manche en bois avait une histoire très triste. Son couteau lui venait de son beau-père, parti en captivité en Allemagne en 1940. Et ce couteau lui a tenu compagnie pendant tout le temps où il était privé de liberté. Le jour où cet objet s'est cassé, elle l'a vécu « comme si elle jetait son beau-père à la poubelle ». Elle en a pleuré pendant des jours.
La Cocotte a mis du temps pour le remplacer. Ça ne se choisit pas à la va-vite, un p'tit couteau. Il faut vérifier qu'il passe au lave-vaisselle, qu'il tient bien dans la main, que la lame ne plie pas facilement, qu'elle va jusqu'au bout du manche,... Et elle l'a enfin trouvé, là, il n'attendait qu'elle dans le rayon. Personne ne semblait l'avoir remarqué. Beau, noir et argent, semblant défier l'éternité. Un beau couteau d'office ! Elle l'a appelé Fulbert, le roi des couverts !
Et avec lui, elle vous propose cette recette au parfum tout méditerranéen. Un délice à la menthe !
4 ou 5 pommes de terre cuites à la peau
1 filet d'huile d'olive
autant d'œufs que de personnes qui vont manger avec vous
200 gr de fromage turc de chèvre ou 200 gr de féta
25 cl de lait
2 gousses d'ail
une belle poignée de menthe fraîche ciselée ou 3 cuillères à café de menthe séchée
½ bouquet de persil plat ciselé
sel et poivre
facultatif : des fines tranches de lard
Épluchez vos pommes de terre une fois refroidies. Dans une grande poêle, versez un filet d'huile et ajoutez, quand l'huile est bien chaude, les rondelles de pommes de terre (découpées avec vot' p'tit couteau). Laissez dorer le temps qu'il faut.
Dans une jatte, battez les oeufs légèrement auxquels vous avez ajouté les herbes, l'ail, le fromage râpé ou émietté, le lait, le sel et le poivre.
Quand vos pommes de terre sont joliment dorées, ajoutez votre brouillade et laissez cuire jusqu'à ce que les œufs « aient pris ». Découpez en petits lambeaux, vos tranches de lard et déposez-les sur les oeufs. Et c'est tout ! Nettoyez votre petit couteau et passez à table.
Et vous, il s'appelle comment, votre p'tit couteau ? Il a une histoire ?
Publié dans Cuisine, Entrées, Europe du sud | Tags : brouillade, oeufs, couteau | Lien permanent | Commentaires (4) | Facebook |
Commentaires
miss blédina est très maladroite et un peu compliquée, donc les couteaux chez elle ont le bout rond (!) et elle s'en sert un minimum, rien de tranchant dans ses placards, de toute façon, y'a pas grand-chose à trancher (la purée, les bouillies, les compotes, hein!)... mais elle a une passion pour les petites cuillères, elle en a acheté même au Japon, deux, très belles,des lignes sobres. Elles en rapportent de partout, pas des petites cuillères kitsch avec le blason au bout, nan, des petites cuillères toutes simples, toutes bêtes, mais qui lui rappellent des voyages, des moments. Miss Blédina est une végétale, elle mange comme un nourrisson des choses molles et tendres, claires le plus souvent. Alors pas d'assiettes, non, jamais, pas de petits couteaux-qui-ont-de-bien-belles-histoires-fidèles, non, des bols et des spoons, de l'acier qui brille, du bois grezzo, de la porcelaine... on est fana de ce qu'on porte à la bouche, la cocotte me contredira pas, la petite cuillère, ah ça oui, c'est aussi une sensation!
Écrit par : flo | mercredi, 10 mars 2010
Je possède 2 petits couteaux de cuisine l'un avec un manche noir et sa lame qui va jusqu'au bout du manche et l'autre avec un manche vert. Je les utilise pour façonner les recettes de la cocotte ! Ils ont leur place dans un range couvert en évidence mais surtout pas avec les autres couteaux ! Bien entendu, ils ne doivent servir à rien d'autre, même pas à table sinon je râle !!! Non, c'est pas possible ça.
Écrit par : Elisabeth | mercredi, 10 mars 2010
Ah, c'est beau ça, les histoires de p'tits couteaux!
Moi aussi, mon p'tit couteau, il me suit partout quand je voyage.
Dans la cuisine, il a SA place, pas au milieu des autres couteaux "qui sont à tout le monde", non, non, très égoïstement, mon p'tit couteau est bien en vue, à côté de son grand frère le grand couteau à lame large et courte, sur le rebord de la fenêtre... et interdiction totale aux autres membres de la famille d'en faire usage! On ne sait pas ce qu'ILS pourraient bien faire avec, donc on est prudent, n'est ce pas? P'tit couteau est aiguisé plusieurs fois par semaine, sa lame a pris une forme typique, c'est comme ça que je les aime.
Parce que p'tit couteau a eu un prédécesseur, mais le pauvre est resté à l'aéroport il y a quelques années! Oublié au fond de mon bagage à main mon inséparable... et confisqué par la douane... je le pleure encore parfois!
Merci Cocotte pour cette belle histoire,
bisous et à bientôt,
Gipsy
Écrit par : Gipsy | mercredi, 10 mars 2010
bonsoir Odile, je n'ai guère le temps de composer tes recettes étant donné mon emploi du temps chargé de la semaine, par contre je prends toujours le temps de jeter un coup d'oeil à la recette proposée et surtout de lire la petite histoire. Je pense que tes dons de narratrice te permettraient de créer un blog de littérature, ceci dit ton blog est un alliage subtil de cuisine, histoire et littérature, un véritable régal. Alors encore toutes mes félicitations et longue vie à tes créations.
A bientôt, bises, Evelyne
Écrit par : Evelyne | lundi, 15 mars 2010
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