vendredi, 28 mai 2010

Pour ma Maman et la vôtre

 

P1170696b.jpg« Écoutez mes sœurs !

Écoutez cette rumeur qui emplit la nuit !

Écoutez...le bruit des mères !

Écoutez-le couler stagner dans ces ténèbres où poussent les mondes !

 

Depuis le premier soir et le premier matin, depuis la Genèse et le début des livres, le masculin couche avec l'Histoire. Mais il est d'autres récits. Des récits souterrains transmis dans le secret des femmes, des contes enfouis dans l'oreille des filles, sucés avec le lait, des paroles bues aux lèvres des mères. Rien n'est plus fascinant que cette magie apprise avec le sang, apprises avec les règles.

Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines.


Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recettes se côtoient. L'art culinaire des femmes regorge de mystère et de poésie.

Tout nous est enseigné à la fois : l'intensité du feu, l'eau du puits, la chaleur du fer, la blancheur des draps, les fragrances, les proportions, les prières, les morts, l'aiguille, et le fil... et le fil.

Parfois, des profondeurs d'une marmite en fonte surgit quelque figure desséchée. Une aïeule anonyme m'observe qui a tant su, tant vu, tant enduré.

Les douleurs muettes, de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées.

Onctueuses larmes au palais des hommes !

Par-delà le monde restreint de leur foyer, les femmes en ont surpris un autre.

Les petites portes des fourneaux, les bassines de bois, les trous des puits, les vieux citrons se sont ouverts sur un univers fabuleux qu'elles seules ont exploré.

Opposant à la réalité une résistance têtue, nos mères ont fini par courber la surface du monde du fond de leur cuisine.

Ce qui n'a jamais été écrit est féminin. »

Le cœur cousu, Carole Martinez

 

Et justement au fond de la casserole de la Cocotte, une recette que sa maman pourrait bien adorer.

Elle est pour toi, ma chérie, ma Maman !

Le coeur cousu2.jpgIl vous faut :

500 gr de pommes de terre

2 poireaux

2 cuillères à soupe de crème

100 gr de lardons fumés

un peu de beurre

 

Lavez les poireaux, jetez le vert et détaillez le blanc en fines rondelles. Vous pouvez enlever la tige blanche et dure au centre du légume. ce sera meilleur.

Faites fondre le beurre et ajoutez les blancs de poireaux. Laissez compoter pendant quelques minutes.

Ajoutez alors les pommes de terre épluchées et coupées en rondelles puis la crème et enfin les lardons. Poivrez et laissez cuire tout doucement jusqu'à ce qu'un couteau pointu transperce les pommes de terre.

Servez en accompagnant de très fines rondelles de poireau cru. C'est divin !

Commentaires

j'adore ce livre! merci de le citer!

Écrit par : flo | vendredi, 28 mai 2010

Emouvant et touchant. Très.

Écrit par : Franck | vendredi, 28 mai 2010

Je ne connais pas Carole Martinez. Ces quelques lignes m'émeuvent aux larmes ... Je crois que je vais la lire ... Merci.

Écrit par : clairez | vendredi, 28 mai 2010

Je ne connais pas Carole Martinez. Ces quelques lignes m'émeuvent aux larmes ... Je crois que je vais la lire ... Merci.

Écrit par : clairez | vendredi, 28 mai 2010

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